Les Brevets CycloMontagnards de la Fédération Française de CycloTourisme, vous connaissez? Ils sont organisés dans chacun des cinq massifs montagneux français (Alpes, Pyrénées, Massif Central, Vosges et Jura) à raison d'un* par massif chaque année, plus un brevet hors-catégorie (d'un niveau de difficulté supérieure) appelé Brevet des Cimes Françaises qui a lieu en alternance dans les Alpes (années impaires) et dans les Pyrénées (années paires).
En ce qui concerne le Massif Central, deux puis trois *(voir notes en fin d'article) clubs affiliés à la F.F.C.T. se relaient pour l'organisation du B.C.M.F. correspondant (dont la nouvelle appellation est Cyclomontagnarde©), qui se déroule donc successivement dans différents secteurs différents du Massif Central : les Monts du Forez à l'est, le Velay jusqu'au Mont Gerbier-de-Jonc (d'où jaillit la source du fleuve Loire) également à l'est mais plus au sud, les Cévennes avec le Mont Aigoual au sud; en attendant un candidat pour tracer un Brevet dans le parc des volcans d'Auvergne en plein milieu du Massif Central.
En cette année 2012, c'est la Squadra de Feurs (dans notre département de la Loire) qui organise le B.C.M.F. du Massif Central ayant pour nom : «Brevet de Randonneur des Monts du Forez», et qui a lieu les samedi 14 et dimanche 15 juillet. Il est en effet possible d'opter soit pour la formule "randonneur" en un jour le dimanche, soit pour la formule "touriste" en deux jours avec hébergement à mi-parcours, voire même pour l'option "découverte" dans laquelle le circuit est raccourci d'un quart à un tiers, tout en conservant le col emblématique du parcours intégral (voire quelques autres).
Ce parcours totalise environ deux cent kilomètres, en l'occurrence 232 km, pour un dénivelé positif de près de quatre mille mètres, ici 3940 mètres. On vous le dit, c'est montagneux, avec de nombreux cols à gravir, dans le cas présent ce sera neuf, mais c'est à la portée de beaucoup de cyclotouristes ayant un minimum d'entraînement et l'habitude de grimper des côtes, car les délais pour boucler un B.C.M.F. sont relativement larges, et puis on peut choisir de le réaliser en deux jours lorsque l'on débute sur ce type de randonnée.
Pour ce qui est de la formule "randonneur", le départ peut s'effectuer à l'intérieur d'une plage horaire allant de 4h du matin (eh oui, c'est relativement tôt!) à 7h du matin (c'est déjà moins matinal) pour une arrivée devant intervenir avant 22h, c'est-à-dire un délai maximal de dix-huit heures, correspondant à une vitesse moyenne de 12 km/h (vu comme cela, ça semble tout à fait réalisable).
Précisons qu'à moins d'attendre le lever du jour pour démarrer (qui se produit à 06h05 ce dimanche 15 juillet 2012) et d'être sûr de rentrer avant la tombée de la nuit (survenant à 21h47 aujourd'hui), un bon éclairage est indispensable pour des raisons évidentes de sécurité, de même que le gilet fluo réglementaire. Ce dernier est d'ailleurs fortement recommandé en dehors de la nuit, en cas de faible visibilité due aux mauvaises conditions atmosphériques.
aube nuageuse sur la plaine du Forez
Et justement, les prévisions météo ne sont pas au "grand beau" ce samedi-dimanche-là : elles annoncent en effet «des averses éparses». C'est probablement pour cela qu'il y a relativement peu d'inscrits, approximativement 250 (je n'ai pas connaissance du nombre exact), comparés au millier de participants (1172 précisément) au B.R. des Aravis quatre semaines auparavant. Et puis l'Auvergne n'a jamais fait recette, ce n'est pas aussi prestigieux que les Alpes. Comme le déclarait l'un des membres de l'équipe organisatrice : «le jour où le Tour de France passera au col du Béal, cela changera peut-être ...».
En attendant, le col du Béal (que nous abordons par son versant côté Boën et Chalmazel) il est aujourd'hui dans le brouillard et la température au sommet (à une altitude de 1390 mètres) n'est que de 09°C. Et l'Auvergne dans la grisaille, c'est plutôt tristounet. Dommage, car le parcours tracé par la Squadra de Feurs est de toute beauté. On ne profite malheureusement pas vraiment du paysage à cause de l'horizon bouché. Franchement on ne se croirait pas en été (jambières, manchettes, coupe-vent et imperméable de rigueur, voire même les gants longs par moments), à tel point que le jeu de mots qui me vient à l'esprit un peu plus loin est quasiment d'actualité : j'ai frissonné dans le col éponyme (le col du Frissonnet, où est positionné le deuxième point de contrôle et de ravitaillement au km 90).
Mais non, il n'a pas fait gris sombre et pluvieux froid toute la journée! : il a fait beau entre deux averses, avec des éclaircies de ciel bleu et un chaud soleil. Si ardent même ce soleil, qu'il faut alors absolument quitter l'imperméable, l'ouvrir en grand ne suffisant pas à éviter la surchauffe, surtout dans les ascensions de cols. Et, des cols et des montées, il y en a à gravir dans ces Monts du Forez. L'autre exercice de la journée, c'est donc le pliage/dépliage de l'imperméable au gré de la succession d'éclaircies et d'averses, car lorsqu'il se met à pleuvoir, même si ce n'est pas très long, ça l'est toujours trop et nécessite par conséquent de se couvrir pour ne pas finir trempé voire transi (d'ailleurs, sans surchaussures imperméables, c'est un peu limite au niveau des pieds).
Juste après ce qui fut la plus grosse pluie rencontrée, voici au km 137 le troisième point de contrôle positionné à Saint-Amant-Roche-Savine à l'intérieur du bâtiment d'un village de vacances (dommage de ne pas y être arrivé plus tôt, cela aurait constitué un abri providentiel pour échapper aux grandes eaux tombées du ciel!). C'est là qu'est servi le plateau-repas obligatoirement facturé avec l'inscription à ce brevet-ci. Tant pis pour les cas particuliers qui ne souhaitent pas s'attabler au milieu d'efforts sportifs (monter des cols même lentement, cela reste en effet du sport), préférant ne pas planter la fourchette dans l'assiette de viande en sauce pour ne pas risquer d'être ensuite planté dans le col des Fourches! Mais la plupart sont bien contents de se poser un moment et de se restaurer, suivant la tradition du cyclotourisme.
petit col, mais pas "de la fourchette" !
Le sommet du col des Fourches n'est toutefois pas très loin, puis on bascule sur la ville d'Ambert, dont la mairie a la particularité d'être ronde (ce que savent tous les lecteurs du roman de Jules Romain «les copains» et les cyclos qui ont participé à la cyclosportive éponyme car ses sas de départ sont installés autour de cette mairie). Et justement on passe devant.
L'itinéraire quitte ensuite momentanément la grande route (la D 996) qu'il emprunte depuis une petite vingtaine de kilomètres (avant le belvédère de Toutée) et qu'il retrouvera jusqu'à Saint-Anthème, pour nous faire longer le Moulin Richard-de-Bas où est encore fabriqué du papier artisanal (c'est cela aussi le cyclotourisme: la découverte du patrimoine).
Fin de l'intermède, retour pour une quinzaine de kilomètres sur la grande route, où il n'y a cependant que peu de trafic automobile. Mentionnons que ces deux portions de R.D. 996 sont la seule exception à un circuit tracé à l'écart des grands axes de circulation et traversant une Auvergne profonde aux paysages sauvages, encore préservée d'une urbanisation galopante.
Au fait, pourquoi ne pas avoir plutôt opté pour le col des Supeyres ? Cela aurait en effet permis d'éviter la D 996 : au lieu de la prendre après Cunlhat jusqu'à Saint-Anthème via Ambert, puis de la quitter pour aller sur le col du Baracuchet, dans un premier temps après Cunlhat il aurait été possible de rejoindre Ambert par des petites routes via Bertignat, puis dans un deuxième temps en sortant d'Ambert on aurait pris la petite route du col des Supeyres et on aurait continué sur le col du Baracuchet. Peut-être pour tenir compte de la digestion du repas (non conforme aux préceptes de la diététique sportive!), mais oui, c'est probablement pour cela!! Parce que deux cols "roulants" sur le bon revêtement d'une grande départementale (le col des Fourches et le col des Pradeaux), ça passe mieux qu'un seul col sur une route sinueuse et granuleuse qui ne rend pas. C'est sûr, ils ne se seraient pas exclamés «super !» (sic!), les malheureux cyclos à la peine!
Bref, nous revoilà après Saint-Anthème sur les petites routes, pour aborder le dernier col de la journée, le col du Baracuchet (le deuxième plus élevé derrière le col du Béal). Le balisage est réalisé avec les flèches BCMF (pour «Brevet CycloMontagnard Français», et non : Brevet Cyclo des Monts du Forez) en papier jaune fluo éditées par la FFCT, qui sont collées sur la chaussée (ou les bordures de trottoir en ville). Ces flèches sont d'une part très visibles, grâce à quoi ni on ne cherche son chemin ni on ne risque de se perdre, malgré une signalisation routière peu loquace voire absente à certaines intersections (il faut néanmoins rester vigilant pour repérer les flèches placées au début des routes à gauche, vu qu'il n'y a pas de présignalisation). D'autre part, bien que détrempées par les multiples averses de la journée, ces flèches sont suffisamment résistantes pour ne pas être détruites (il faut dire aussi qu'avec peu de voitures susceptibles de rouler dessus, ça aide).
oui il a fait beau ... entre deux averses !
À propos de météo, toute la fin de parcours après le quatrième contrôle, au km 193 avant Saint-Bonnet-le-Coureau, se fait au sec. Donc fin de randonnée agréable, et relax dans la plaine forézienne pour regagner Feurs.
Si vous ne connaissez pas encore ce Brevet de Randonneur des Monts du Forez (dont le tracé est nouveau à chaque édition) et que vous souhaitez le découvrir à votre tour (en espérant des conditions météorologiques plus favorables afin de savourer pleinement la beauté des paysages), il vous faudra maintenant patienter quatre ans (!!!) et non pas seulement deux comme c'était le cas jusqu'en 2008.
Mais vous n'êtes pas obligés d'attendre si longtemps pour aller rouler dans les Monts du Forez, d'autant plus que Feurs ce n'est pas très loin de Roanne (à peine 40 km, selon l'endroit de l'agglomération roannaise d'où vous partez) et que le trajet est simplissime : tout droit par la R.N. 82. Mieux encore: il est même envisageable de démarrer à vélo depuis Roanne (là on oublie évidemment la RN 82, pour obliquer directement sur la montagne au sud ouest par des petites routes, et ce n'est pas le choix des itinéraires qui manque) pour une sortie longue sur la journée se déroulant en partie dans ces Monts du Forez. à l'occasion, cela nous changerait de nos habituels Monts de la Madeleine, qu'en dites-vous?
* notes (quelques précisions complémentaires pour les puristes) :
En 2010 une Cyclomontagnarde© (ex-BCMF) a été organisée pour la première fois dans les Monts du Cantal, mais il est trop tôt pour savoir si cette organisation sera reconduite à l'avenir. D'autre part, en cette année 2012 une deuxième Cyclomontagnarde, nouvelle, a été organisée dans le Massif Central, en l'occurrence dans le secteur du Morvan, dont on ne sait pas non plus quel sera le devenir. Enfin, il y a eu une autre année (2003) où deux Cyclomontagnardes ont coexisté dans le Massif Central : «les boucles du Velay» et «la randonnée de l'Aigoual» (c'était la première année où «les boucles du Velay», déjà organisées, se sont déroulées sous le label BCMF).
